image

Vie

1917 – 1950: 33 ans, deux de moins que Mozart, deux de plus que Schubert, un talent hors du commun, une enfance heureuse et un apprentissage exceptionnel, une carrière internationale fulgurante, une maladie foudroyante, un destin tragique accepté avec sérénité, une dimension humaine extraordinaire… Son image reste jeune et vivante, ainsi que son heritage artistique.

Biographie


Dinu Lipatti est né à Bucarest, le 19 mars 1917, en cette „année trouble” de la guerre, sous l’occupation allemande. Porteur de paix et d’espérance, l’enfant sera entouré d’une très grande affection et l’atmosphère artistique de longue tradition dans la famille lui permettra de developer de bonne heure ses dons musicaux. Ses parents, bons musiciens eux-mêmes, décident de le consacrer à la musique et, à l’âge de 8 ans, ils font appel à Mihail Jora, éminente personnalité musicale, pour commencer une education musicale sérieuse et méthodique. Dinu étudie le piano, le solfège et l’harmonie. Trois ans après, ayant acquis le niveau exigé au Conservatoire de Bucarest, il est admis dans la classe de piano au repute et réduté professeur Florica Musicescu. Il continue les leçons avec Maître Jora, s’initiant cette fois-ci à la composition. Les progrès du jeune élève furet rapides. Il achève brillamment ses etudes en quatre ans et joue au concert des lauréats le Concerto en mi mineur de Chopin. Mais ce n’est que l’année suivante, en 1933, que Dinu Lipatti va inaugurer sa carrier de concertiste, avec la Philharmonie de Bucarest, en interprétant le Concerto en mi bémol majeur de Liszt. La meme année, il participle au Concours Internationel de Piano de Vienne et obtient le second grand prix. A ce moment, Alfred Cortot, membre du jury, Remarque avec enthousiasme le talent du jeune Roumain, en considérant qu’il aurait mérité ‘de loin’ le premier prix, et lui propose de venir en France pour parfaire ses etudes. En meme temps, Lipatti se manifeste aussi en tant que compositeur, obtenant trios recompenses successive au concours de composition Georges Enesco. En 1934, le premier prix pour la suite symphonique Șătrarii (‘Tziganes’) consacre le jeune artiste aussi dans ce domaine qui lui est très cher, mais qu’il va devoir laisser au second plan.

Les  etudes parisiennes

L’année 1934 marque le début d’une nouvelle étappe dans la de Lipatti: ses etudes à Paris. Il part avec sa mère et son frère cadet Valentin. A l’Ecole normale de musique, le jeune artiste est accueilli par Cortot et Yvonne Lefébure et s’inscrit à la classe de composition de Paul Dukas. Ses premiers professeurs parisiens se rendirent compte dès le début qu’ils avaient à faire non pas à un élève, mais à un artiste déjà formé, don’t il fallait révé les toutes le possibilities. Il faut convenir que les éloges exceptionnels faits à l’adolescent représentaient en meme temps un éloge à la pédagogie de son pays natal. Sans minimiser l’importance des influences très enrichissantes recues au contact des grandes personnalités artistique français et étrangères, on peut affirmer que les fondements de son métier, tant de pianist que neva jamais s’interrompre, nous permet de suivre toute l’evolution artistique de ce talent hors du commun, ainsi que l’ambiance artistique si riche de l’époque. Mais le professeur français que exercera la plus forte influence sur Lipatti sera Nadia Boulanger. Après la disparition de Dukas, c’est elle qui déclenchera tout son potentiel affectif et artistique, qui le situera vite parmi les grands.

Pendant cette période d’études, Lipatti travaille avec enthousiasme et modestie. Son jeu acquiert plus de „couleur”, suivant sa proper expression, Cortot le présentant comme un second Horowitz. Il donne des concerts en France et en Suisse avec succes et fait ses premiers enregistrements. Son repertoire s’enrichit et se diversifie. Il se préoccupe aussi de la direction d’orchestre, suivant les cours de Diran Alexian et de Charles Münch. Dans le domaine de la composition, des oeuvre comme le Concertino en style clasique ou la Symphonie concertante pour deux pianos et orchestre à cordes ne sont plus des ouvrages „d’école”, même si l’auteur cherche encore ses moyens d’expression et est influencé soit par son professeur, soit parla musique contemporaine (Stravinsky, surtout). Souvent, Lipatti est invité dans la cercle particuliers parisiens et il suit de près la vie artistique. Une série de chroniques musicales, signées par lui et publiées à Bucaresten 1938, font prevue d’un esprit d’observation remarquable, d’une réelle maturité et de la probité qui caractérise toutes ses activités.

L’activité artistique en Roumanie

En 1939, après avoir passé cinq ans à Paris, Lipatti rentre en Roumanie: il avait sa licence de concert et, à la fin de ses etudes de perfectionnement, ses professeurs étaient devenus des collègues et des amis. L’artiste s’affirme dans la vie musicale de son pays. Il participle à plusieurs tournées avec la Philhamonie de Bucarest et un prestigieuse collaboration artistique le lie à son parrain Georges Enesco. Le jeune disciple écoute avec ferveur les conseils du maître, étudie ses oeuvres et l’accompagne dans ses recitals de musique de chamber. Ses compositions de maturité se font entendre, notamment l’original Concerto pour piano et orgue, la Fantaisie pour piano et les Danses roumaines pour deux pianos. En contournant les influences enesciennes, Lipatti cherche à créer son proper style, une synthèse entre l’inspiration roumainne et les procédés contemporains.

Mais le pianist dépasse vite en envergure le compositeur. Le disque pous restitue quelques images sonores de cette période precedent son dernier depart à l’étranger. Quelques pages de Bach, Scarlatti, Chopin, Liszt, Brahms etc, les 2e et le 3e Sonates pour piano et violond’Enesco, jouées avec l’auteur, et son propre Concertino.

Le dernier départ

Au début de septembre 1943, Dinu Lipatti, accompagné par sa fiancée, la pianiste Madeleine Cantacuzène, part pour son dernier pèlerinage. Une grande tournée passant par Vienne, Stockholm, Helsinki, Göteborg, Malmö, Zürich, Genève et Berne devait les ramener à Bucarest à la mi-octobre. Malgré d’innombrables péripéties dues à la guerre, le plan se realize point par point, sauf le dernier. Le destin avait établi une autre trajectoire…

En octobre 1943, donc, le jeune couple decide de s’installer à Genève. Les difficulties ne manquent pas, mais l’accueil est extrêmement chaleureux.

Quelque temps après les premiers concerts à Genève, Henri Gagnebin, le directeur du Conservatoire, propose à Lipatti un poste de professeur. Dinu Lipatti enseigna au Conservatoire de Genève pendant cinq ans. Plutôt reserve au début, ne voulant pas ’imposer’, mais ‘proposer’, il devint rapidement une idole pour ses élèves.

Mais au moment où sa situation deviant plus sure, où sa renommée de pianist et professeur n’est plus à faire, les signes d’une mystérieuse maladie commencent à paraître d’une manière de plus en plus évidente: fièvre, ganglions douloureux, fatigue… Le jeune pianist commence à annuler des concerts, doit garder la chamber des semaines, parfois de mois, ou faire des séjours prolongés à la montagne pour reprendre haleine. Pendant les moment de répit, il recommence ses tournées courageusement, au mépris des interdictions médicales et joue avec le plus grand enthousiasme, meme dans les plus petites villes où on l’accueille avec tant d’affection. On le réclame partout, en Europe comme aux Etats-Unis, en Amérique du Sud, en Australie… Mais il ne quitte jamais l’Europe.

A Londres, il commence ses enregistrements à la maison Columbia et se lie d’amitié avec Walter Legge, le directeur artistique. Les Hollandais lui proposent de rester chez eux et lui envoient un wagon spécialement aménagé pour ses voyages! Les chroniques élogieuses abondent. Un journaliste français, par exemple, intitule son compte rendu sur Lipatti: ‘J’ai entendu Frédéric Chopin jouer sa Sonate en si mineur’.

A Genève, ses amis lui offrent un superbe piano de concert Steinway. Aux noms des grands amis et collaborateurs déjà cite, il daufrait ajouter une énorme liste: Clara Haskil à laquelle le liait une touchante amitié artistique et une longue correspondence, Janigro, Backhaus, Karajan, Hindemith, Münch, Menuhin, Marescotti… sans oublier ses chers docteurs et surtout Henri Dubois-Ferrière, l’initiateur de la foundation qui porte son nom associé à celui de Lipatti, créée en 1970 pour la lute contre les maladies du sang.

Les dernières années. La maladie implacable

Comme sa santé deviant deplus en plus précaire, au Conservatoire, on lui suggère délicatement un assistant  - Louis Hildebrand, un jeune collègue, admirable professeur. Lipatti l’accepte de bon Coeur, avant de decider, peu de temps après, en 1949, de renoncer à son activité didactique Le Bulletin du Conservatoire annonce avec un infini regret la demission ‘de cet eminent professeur et artiste, un des plus grands de notre époque’.

Mais son activité de concert ne cesse pas. Et personne, à part sa femme o uses amis très proches, ne se rend compte exactement de l’ampleur de la tragédie qui se déroule devant ses yeux éblouis par la perfection artistique et la presence humaine de Lipatti.

Entre les crises, les transfusion et le traitement très fatigant aux rayons X, il travaille et modifies a technique en function des difficultés causes par l’inflamation des ganglions. Le bras gauche deviant plus gros et chaque movement douloureux. Il connaît bien, à present, sa maladie – lymphogranulomatose maligne (la maladie de Hodgkin) – et aussi ses chancesminimes de guérison, mais il ne désespère jamais. Il garde meme son humour et encourage sa famille de Roumanie. S’il n’a pas la possibilité de jouer, il compose, meme au lit. Après les Mélodies sur des vers français et les Danses roumaines transcrites pour piano et orchestre, il achève l’Aubade pour instrument à vent, sa dernière composition.

A ce moment, le repertoirepermanent de Dinu Lipatti comprenait seize concertos – de Bach à Bartok – et six programmes different de recital. En réalité, son repertoire était bien plus grand. Lipatti était arrive à une connaissance étonnante de la littérature du piano, mais son souci de perfection était tel que seulement une petite partie était considérée assimilée… S’il avait cede à la facilité, si coutumière à notre époque, il aurait pu donner du jour au lendemain, l’intégrale des preludes et fugues de Bach, des mazurkas et des etudes de Chopin, ou de Debussy, et meme des sonates de Beethoven, etc, qu’il pouvait d’ailleurs transposer instantanément dans n’importe que ton, ses élèves en témoignent.

Un grand espoir

L’année 1950 le trouve épuisé mais relativement rétabli après plusieurs mois de traitament et un long séjour à Montana. Il revient enfin à Genève et peut jouer de nouveau à Victoria Hall, avec Ernest Ansermet et l’Orchestre de la Suisse romande, le concerto de Schumann. L’enthousiasme de l’accueil des Genevois est indescriptible. L’été apporte un grand espoir. La cortisone venait d’être découverte et Lipatti retrouve miraculeusement ses forces. Prévenue par le docteur Dubois.Ferrière, Walter Legge se déplace en hâte à Genève avec le car de la maison de disques Columbia et plusieurs techniciens pour commencer les enregistrement tant de fois ajournés. Du 2 au 12 juillet, Lipatti fixe sur disque la majeur partie de son testament artistiqu: Bach, Mozart, Schubert, Chopin – avec un etnhousiasme inouï et une force extraordinaire. Il était tellement heureux! Et quel travail! Il faudrait lire les émouvants souvenirs de Walter Legge…

Parmi les morceaux enregistrés à ce moment par Lipatti, le plus émouvant est le choral Jésus que ma joie demeure de Bach, le bispréféré qui a marquee sa vie an la suivant comme un leitmotiv. On sait combine de fois le pianist a essayé de l’enregistrer avant de consentir à la publication de la dernière version.

Au milieu du petit parc de Chêne-Bourg, dans une villa prêtée par des amis, sur l’emplacement de l’actuel parc Dinu Lipatti, Dinu continue son activité, sage et concentré, en vue de nouveaux engagements, quoique son apparante vitalité commence à diminuer.

Le 23 août , il joue à Lucerne le Concerto en ut majeur K467 de Mozart avec Karajan. Ensuite, ce fut son dernier recital au Festival de Besançon. Dans l’après-midi du 16 septembre, Lipatti, terrassé par un nouvel accès de fièvre, ne savait pas s’il pourrait jouer. Finalement, il decide de partir. Le recital sera comme un sacrifice sur l’autel de l’art. Lumière et ombre, force et douceur, espoir et désespoir, quell don de soi pour atteindre la sérénité…. ‘Ne vous servez pas de la musique, servez-la.’ Le grand artiste servait la musique pour la dernière fois. Deux mois plus tard, le 2 décembre 1950, Lipatti nous quittait pour toujours…

L’art de Lipatti

La personnalité de Dinu Lipatti se place, dans la cultuire roumaine et en dehors des frontiers de son pays, sur la meme orbite que celle d’un Enesco, d’un Brancusi, ou d’un Eliade. Partout dans le monde, même dans les continents où il n’a jamais pu se render pendant sa courte existence, l’artiste roumain a été considéré comme un des plus grands interprètes de la première moitié du 20e siècle. Après sa mort, survenue juste au moment de la découverte du disque microsillon, sa renommé, véhiculée par se gravures repiquées en 33 tours, n’a fait que croître – fait rare! Et ces dernières années la quasi-totalité des enregistrements de Lipatti a été reportée sur disque compact. On se demande don, et non sans raison, quell était le ‘secret’ de son art et en quoi il se distinguait des autres maîters du clavier.

Dans la formation artistique de Lipatti, le point de depart a été place très haut. Son talent précoce et exceptionnel s’est joint à une capacité peu commune de travail, ainsi qu’à certaines qualities physiques, notamment la dimension et la souplesse de ses mains. Cette profusion de dons a pu se developer sous la direction de ses maîtres.

Au fil des années, l’expérience de Lipatti s’este beaucoup enrichie au contact des grandes personnalités artistique de son temps. C’est ainsi qu’il a évolué rapidement, arrivant très tôt à une maturité de conception de l’art de l’interpretation musicale, cumulant les qualities varies et complexes du pianist contemporain.

Si l’on veut caractériser brièvement l’art de Lipatti – le reflet de son âme -, le premier mot qui nous vient à l’esprit este le mot équilibre. Nous le ressentons avec preponderance a l’écoute de ses enregistrements. Cet équilibre est issu de l’unité entre la raison et l’intuition, entre le detail et l’ensemble, entre la simplicité et la forme d’expression de l’exécution. Ces traits caractéristiques de son art sont le résultat d’une étonnante intuition de la phenomenology musicale. Voilà pourquoi Lipatti peut se permettre une grande liberté dans l’interprétation. Le langage pianistique de l’interprète obtient ainsi un authenticité, une eloquence et une force de conviction telles qu’il deviant identifiable dès les premières notes. Aussi peut-on parler I’une intonation lipattiene.

Un autre aspect de l’art interpretative de Lipatti est la capacité d’embrasser avec une égale competence des oeuvres de styles et de genres differens. Connaissant la conviction qui était sienne, naissant la conviction qui était sienne, selon laquelle on ne doit pas seulement aimer une oeuvre, mais ‘être aimé’ également par cette oeuvre pour l’aborder, on se rend compte que la polyvalence de Lipatti avait des raciness profondes. Mieux encore, elle se confirme par ses improvisations qui, selon le témoignage de ses auditeurs, paraissaient comme des compositions authentiques de tel ou tel grand maître. Et l’expression célèbre de Furtwängler concernant l’interprète recréateur trouve en Lipatti sa veritable image.

‘L’idéal qu’il poursuivait vait en tant que pianist recréateur, disait son élève Jacques Chapuis, pouvait se résumer en une phrase qu’il répétait malicieusement: ‘Le pianist parfait que j’aimerais pouvoir sortir de ma poche devrait avoir le toucher chantant et l’imagination d’Alfred Cortot, l’éclat et le brio de Vladimir Horowitz, les couleurs de Walter Gieseking, l’aisance et la souplesse de Wilhelm Backhaus, la fougue et la tendresse d’Edwin Fischer’. Nous ajoutions en pensée: l’humilité et la personnalité de Dinu Lipatti’ qui a realize souvent cet objectif rêvé.’

Si l’heritage de Lipatti n’est pas périmé aujourd’hui, c’est aussi grace à une vision prophétique de l’artiste qui avait anticipé l’évolution de la technique pianistique et de l’art interpretative. Ainsi, dans la musique de J.S.Bach, Lipatti mettait en valeur son contenu profondément humain et sa haute spiritualité sans reconstitution historique, dans Mozart il accentuait le dramatisme en contraste avec la sérénité, tout en laissant pressentir les germs du romantisme; en vers Chopin il avait une attitude classicisante, ‘apollinienne’, dévoilant l’univers affectif si profond de la musique avec sobriété et simplicité; Liszt, aves ses innovations à caractère visionnaire et prémonitoire, lui correspondait admirablement bien< Ravel et les impressionists lui laissaient la possibilité de parfaire ses recherché concernant la couleur engendrée par la diversité des attaques et touchers.

L’esthéticien

Dans certaines letters adressées à ses professeurs, il parle du ‘pianiste-aigle’ de l’avenir qui cumulerait toutes les qualities citées plus haut, et l’ébauche de son cours d’interprétation au Conservatoire de Genève, réalisée quelques mois avant sa mort, est d’une émouvante actualité. Parlant des efforts inutiles faits par certains musiciens pour reconstituer les caractéristiques de la musique de telle ou telle autre époque, il ajoute: ‘… Car, ne l’oublions pas, toute vraie et grande musique dépasse son temps, et plus encore, n’a jamais correspond aux cadres, forms et règles en vigueur à l’époque de sa creation. Bach, dans ses oeuvres d’orgue, réclame l’orgue électrique et ses moyens illimités, Mozart réclame le piano et s’éloigne carrément du clavecin, Beethoven exige impérieusement notre piano modern, Chopin, l’ayant, lui donne le premier de la couleur, et Debussy va  àplus loin en présentant, à travers ses Préludes, les ondes Martenot. Dès lors, vouloir restituer à la musique son cadre de l’époque, c’est vouloir habiller un adulte dans des habits d’adolescent. […] Stravinsky a tellement raison quand il affirme que ‘la musique, c’est le présent’! […] N’interrogez jamais une oeuvre ave les yeux des morts ou du passé, elle serait bien capable de vous livrer en retour le crane de Yorick. Casella dit avec raison qu’il faut pas se contenter de respecter les chefs-d’oeuvre, mais il faut les aimer.’ Et, dans une letter, il explique d’avantage l’idée du compositeur italien: ‘[…] car on ne respecte que les choses mortes et un chef-d’oeuvre est une chose éternellement vivante.’

Ces quelques essays pour formuler théoriquement ses principles, restés sous forme de notes succinctes ou éparses dans la correspondence et les interviews de Lipatti, nous révèlent un autre aspect de sa personnalité: l’esthéticien. Comme le remarquait le professeur Dragoș Tănăsescu, il ne sagit pas pour autant d’un système philosophique et esthétique, ou d’une vraie method, mais les quelques idées qui restent nous montrent avec une totale sincérité son credo artistique, ses scupules et ses aspirations, ainsi que l’effort de clarifier sur le plan théorique son intuition.

Le renom de Dinu Lipatti est dû à ses qualities artistiques et humaines exceptionnelles, mises en valeur par un travail assidu, méthodique et profond. Le pianist avait une genial vision prophétique de l’évolution de la technique pianistique et de l’art interpretative. Le compositeur apparait d’évidence comme un continuateur du style enescien, mettant en valeur ingénieusement le folklore roumain, avec de forts et rénovateurs aspects de modernité.

Le souvenir si lumineux, légendaire, de la presence de Dinu Lipatti dans le ciel de l’art musical roumain et universel reste aujourd’hui infiniment vif et perdurable.