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Récital Edwin Fischer - Concert George Georgescu

Dans Libertatea, Bucarest, no. 7, 5 avril 1938

Lipatti autrement / Le critique musical / Chroniques de Lipatti




Edwin Fischer, l'un des plus importants pianistes allemands, auquel le public rendait enfin hommage.

Tout le récital a été marqué par une ambiance de recueillement. Les Impromptus de Schubert ont été interprétés admirablement, Ficher a su exprimer la finesse, la mélancolie et l'allégresse de ces merveilleuses pages. 

La fantaisie chromatique de Bach, que Fischer a soulignée avec adresse et ingéniosité a été interprétée brillamment sans pour autant perdre sa grandeur. Cette œuvre est sans doute l'une de ses « spécialités ».

Je ne peux pas dire la même chose de la Barcarolle et de la Nocturne en Si majeur de Chopin. Pourquoi cette âpreté dans l'interprétation ? Quelle différence entre cette conception solide mais sans finesse et l'autre, subtile et aristocratique de Cortot !

Fischer a été grandiose dans l'Appassionata de Beethoven et a fait preuve de grandes possibilités sonores. Depuis Schnabel, je n'avais jamais entendu une si belle interprétation de cette Sonate.

Parmi les six bis donnés par Fischer, je n'oublierai un Andante de Mozart, joué parfaitement.

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Le maître George Georgescu nous est apparu cette année plus en forme que jamais. Il a dirigé l'autre jour au Théâtre du Châtelet un concert symphonique d'une rare beauté, faisant une vive impression sur les auditeurs.

Le poème symphonique « Mort et transfiguration » de Richard Strauss a été dirigé avec une verve extraordinaire et la Symphonie no. 5 de Beethoven a été simplement admirable dans l'interprétation du M. Georgescu. Quel effet grandiose il a obtenu dans le crescendo final grâce à un pianissimoimpressionnant sur l'accord en la bémol. L'ascension a ainsi semblé immense !

Entre ces deux œuvres nous avons écouté le Prélude, Chorale et Fugue de Franck dans l'arrangement de Gabriel Pierné et l'expressif Concerto moldave pour violoncelle de Stan Golestan, œuvre d'un romantisme accentué, dont la forme reste pourtant classique. Construit sur des thèmes rappelant notre pays, le Concerto moldave de Golestan est l'une de ses plus réussies pages symphoniques.

Mme. Garbusova a fait preuve dans cette œuvre d'un beau tempérament, ainsi que d'une technique sérieuse.

Le public parisien a réservé au grand chef-d'orchestre un très bel accueil, l'acclamant longuement et répondant par un élan d'enthousiasme sincère à la sensibilité de grand musicien de M. Georgescu.