image

Sur la rencontre avec Arturo Toscanini, dans une lettre à Florica Musicescu en août 1946 :

Les 10 jours passés à Milan ont été une bienfaisante oasis de musique, encouragements, envie de travailler. Toscanini, par je ne sais quel miracle, ne m'a pas du tout intimidé, il a été tout le temps très bienveillant envers moi… Je l'ai rencontré la veille de ma première répétition à la Scala et je l'ai prié de m'écouter et de me critiquer sévèrement. Il a gracieusement souscrit à ma demande. Votto, le chef-d'orchestre qui m'a accompagné, a tout fait pour me couvrir en doublant le nombre de cordes et en insistant pour que le couvercle de mon piano soit enlevé, sous prétexte qu'il ne peut pas diriger derrière l'instrument. Madeleine était désolée et moi je l'ai réclamé à Toscanini qui a réduit l'orchestre à moitié et a fait remettre le couvercle au piano.

Après la première répétition, il ma félicité et m'a dit : Enfin, voilà du Chopin sans caprices, avec le rubato que j'aime, dire que la plupart des musiciens veulent être des compositeurs dans la composition des autres […]

Pendant une semaine nous nous sommes rendus deux fois par jour à la Scala, cachés dans les loges les plus sombres d'où on a écouté attentivement. Il a transformé sous nos yeux un orchestre du deuxième rang en un ensemble de très haut niveau. Rien ne peut être plus passionnant que cette lutte sans répit pour dominer la matière brute. […] Nous nous sommes d'autant plus réjouis quand nous avons trouvé à certains instants, la façon de penser, de sentir et de diriger de notre Enescu aimé, avec lequel Toscanini est musicalement apparenté et qu'il apprécie comme étant le plus grand musicien européen.

Biographie / Lipatti sur...